La Magie dans l'Égypte ancienne 2.

Dans la Magie, l'essentiel semble être la Volonté.
Aussi une petite définition du mot volonté est rappelé ici.
Volenté (en français du Moyen-Âge de 980) : c'est la passion, le désir, l'empressement. Volenteus (adjectif) : désireux. Volentiers (adverbe) : volontiers, facilement. Volenterin (adjectif de 1302) : volontaire.

Dans le sens du français moderne : Volonté : ce que veut une personne et qui tend à se traduire par une décision effective conforme à une intention. (Nous dit le dictionnaire le Robert). Ainsi la volonté serait la partie visible d'un corps dont la partie invisible serait l'intention. Dans le Robert, à la partie de psychologie, il est dit aussi de la volonté : Forme de l'activité personnelle caractérisée par une représentation mentale préalable du but à atteindre.

Ch. Desroches Noblecourt nous dit dans sa préface du livre : Magie et Magiciens dans l'Égypte ancienne, de Yvan Koenig : Souvent, pratiques religieuses et magiques se côtoyaient en Égypte, jusqu'à se confondre, à cette différence près que la Magie agissait à l'aide de forces immanentes de la Nature, alors que la religion devait impliquer la "transcendance du sacré".
La distinction entre magie et religion demeure subjective et se fonde sur les comportements des pratiquants. La distinction entre une religion basée sur la piété et des rites magiques réputés menaçants ou redondants servant des intérêts personnels est inopérante, car le même texte peut être utilisé comme hymne religieux ou formule à titre privée, et les mêmes rituels peuvent être employés dans le temple ou dans un but privé.
Selon certains auteurs, le mot magique, au sens occidental du terme, désigne toute activité cherchant à atteindre son but en dehors de la relation cause-effet.

Le nom et la Forme, ou le pouvoir créateur du Verbe :
Le signifiant était lié au signifié, le mot à l'être ou à la chose qu'il signifie. Écrire le nom d'une personne ou d'une chose, c'était susciter cette personne ou cette chose, et à l'inverse, détruire le nom abhorré ou sa représentation équivalait à détruire l'être ou la chose elle-même. Pour un Égyptien, dire ou écrire une chose, c'est susciter cette chose. Isis dit à Rê : "Dis-moi ton nom mon Père. Un homme vit lorsque l'on récite son nom !"
"Je suis celui qui a fait le ciel et la Terre, qui a donné leurs formes aux montagnes, qui a créé ce qui est sur elles. Je suis celui qui a fait l'eau, de sorte que Mehet-Ouret vint à l'existence..."
Supprimer le nom a pour effet d'annihiler la personne dans le monde des vivants et de rendre impossible sa survie dans l'au-delà. Aussi en martelant une effigie, en mutilant une statue, c'est l'homme qu'elles représentent qui est atteint, en ce monde ou dans l'autre.
Aux yeux d'un Égyptien, tout image est un être vivant, une réalité agissante qui jouit d'un pouvoir magique et d'une efficacité propre. Aussi, tous les signes de l'écriture hiéroglyphique sont des images. ils ont aussi une valeur de son.
Pour l'Égyptien ancien, l'inanimé n'existe pas, tout est vivant.
Savoir que les dieux pouvaient utiliser la magie contre les êtres humains et, impliquer leur propre nature.

Les "Magiciens" de l'Égypte ancienne étaient les protecteurs du Double Pays. C'était des intellectuels de haut niveau possédant de vastes connaissances dans de nombreux domaines : littéraire, magique, médical, religieux. Il faut aussi savoir que les temples étaient inaccessibles au profane puisqu'on n'y peut entrer qu'en état de pureté, après maintes abstinences : c'est là une loi commune dans tous les temples de l'Égypte. Les prêtres on donc renoncé à toute activité profane, à tout travail lucratif, et ils se livrent entièrement à la contemplation et à la vue des choses divines. Cette vue les rend vénérables et leur fait mener une existence tranquille et pieuse ; la contemplation les conduit à la science.

Le Magicien apparaît fréquemment dans la littérature populaire égyptienne et surtout dans les contes. C'était un personnage susceptible de séduire un auditoire avide de merveilleux.

Technique du Magicien.
Elle implique le transfert. Il s'agit de transférer une situation vécue par le patient dans le monde des dieux. La particule mi, "comme" (mi, de miroir !), joue un grand rôle. Exemple, le patient a été piqué par le serpent comme Horus a été piqué dans le gebel. On implique donc les dieux dans l'événement vécu par le patient. Par exemple, une piqûre de scorpion trouble l'ordre normal des choses (défendu par Maât), normalement cette piqûre n'aurait pas dû se produire. L'ordre établi est donc menacé, et dans une certaine mesure l'ordre divin aussi. En le transférant dans le monde divin, on rend compte du système qui le rend possible. Selon Lévi-Strauss : "On sait que la psychanalyse appelle abréaction ce moment décisif de la cure où le malade revit intensément la situation initiale qui est à l'origine se son trouble, avant de le surmonter définitivement. Aussi, le Chaman est un abréacteur professionnel".
En un certain sens, le Magicien est un "abréacteur professionnel" qui arrive à créer un système intégrant tous les éléments de la situation.
Le Magicien rend cohérent ce qui paraissait incohérent. Cette cohérence s'exprime au travers de récits ou d'allusions mythologiques qui sont eux-mêmes l'expression de l'univers social. Le Magicien représente la société dans la mesure où, à travers lui, le patient désorienté par ce qui lui arrive trouve une explication à son mal. Le Magicien propose une signification, donne un sens, est source de références. Il offre une explication symbolique au travers de laquelle l'ordre se rétablit. Dans le récit mythique assumé par la collectivité, le patient revit son mal et y puise la possibilité d'une guérison. L'acte du Magicien est aussi important pour la société que pour le patient.

Les Médecins-Magiciens.
En Égypte ancienne il n'y a pas de distinction entre Médecin et Magicien. Les médecins ont reçus des dieux le sens pour interpréter et guérir à l'aide de formules et de techniques magiques.
Les Égyptiens croyaient que la Lune exerçait à certains moments une action néfaste sur la santé. Une maladie débutante correspondait à la Lune naissante.

Notion importante :
Il faut savoir que dans l'Égypte ancienne, l'art pour l'art n'a pas sa place. Les œuvres relèvent d'un art conçu autrement que pour une fin artistique.
Aussi au sens symbolique, par exemple un artisan crée des êtres réels en qui se logent l'énergie et la personnalité de l'être ou de l'objet représentés. (Selon Hérodote). L'objet, le bâtiment quel qu'il soit, n'est que la manifestation concrète de l'être ou de la chose qu'il représente. Une même chose peut être investie de plusieurs significations différentes : la pyramide est comparée au rayon de Soleil, à la butte primordiale ou encore à l'escalier qui mène au ciel.

L'envoûtement.
L'envoûtement est attesté dans de nombreuses civilisations et cultures. il possède ses lois qui sont celles de la magie sympathique et utilise, en partie, la loi de similarité : le semblable suscite ou agit sur le semblable. La représentation d'une chose est solidaire de la chose qu'elle représente ; la représentation de la choses est liée à la chose qu'elle représente : façonner la figurine d'un objet ou d'une personne, c'est susciter cet objet ou cette personne. Et la ressemblance n'a aucune importance, puisque c'est plutôt une convention.
En Égypte, l'écriture compte autant, car écrire le nom d'une chose ou d'une personne revient à susciter cette chose ou cette personne. L'écrit est lié à la parole, aussi on craint la "mauvaise parole", car le simple fait de dire du mal d'une personne, c'est déjà agir contre elle. La parole est doué d'un pouvoir aussi puissant que l'écrit, sinon plus, aussi il faut savoir s'en protéger. (Voir par exemple les problèmes de maladies psychiques)
Rite d'envoûtement :
"Tu dessineras tout adversaire de Rê, et out adversaire de Pharaon, mort ou vivant, et tout calomniateur auquel il peut songer, les noms de leur père, de leur mère, et de leurs enfants, de chacun d'entre eux, étant inscrits avec de l'encre fraîche sur une feuille de papyrus n'ayant jamais servi. Leurs noms étant inscrits sur leur poitrine, eux-mêmes ayant été confectionnés en cire, et ligotés avec des liens de fil noir ; on crachera sur eux, on les piétinera du pied gauche, on les frappera avec le couteau et la lance, et on les jettera au feu dans le fourneau du forgeron.

Maison.
Les dieux, les vivants, les morts ont leur maison.
Et il faut procurer au défunt une belle tombe, car il n'existe rien de plus dangereux qu'un mort sans sépulture, qui deviendrait alors un errant hantant les vivants.
La plupart des sépultures égyptiennes étaient pauvres. Un simple trou suffisait avec quelques objets et ornements. Seul une minorité avait accès à des sépultures plus conséquentes.

Amulettes.
La principale est l'amulette en forme de Scarabée, insérée à la place du cœur lors de l'embaumement.
Le Scarabée symbolise le devenir, la permanence.

Les Égyptiens anciens étaient proche de l'âge d'Or, celui où l'homme, la Nature et les dieux ne faisaient qu'un. Temps où l'homme ne s'oppose pas à la Nature, puisqu'il est la Nature.

(Notes d'après le livre : Magie et Magiciens dans l'Égypte ancienne, de Yvan Koenig)