Roue

Les Axes

L'obsession de se tenir dans le vide
Empêche d'être vide.
À qui ne fera rien pour être vide,
Le vide ira de soi ;
Alors que ceux qui s'y attachent
Sont incapables d'y arriver.

Celui qui communie avec le Tao est comme l'essieu d'un char
Qui ne se meut pas de lui-même,
Mais qui, tournant avec le moyeu sur mille li,
Parcourt les étendues illimitées. (Étendue illimitées comme sens de source du Sans limite)
Qui n'est pas dans la communion avec le Tao
Est complètement perdu ;
Il s'enquiert de l'Est et de l'Ouest, du Sud et du Nord
Pour s'informer de l'endroit où il est ;
Mais ses préjugés et idées toutes faites
L'empêchent de rien saisir et de sortir de son trouble ;
Il se retrouve égaré et désorienté comme devant.
Voilà comment on passe toute sa vie sous le joug de l'humain,
Semblable aux instruments pour observer le vent,
Perpétuellement instable.

C'est pourquoi le Saint fait corps avec le Tao
Et fait retour à sa nature propre.
Immuable, il assiste toutes les transformations :
Il est à un rien de l'abandon.

[Extraits de : les grands traités du Huainan zi (Que toutes les coutumes se valent), époque des Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.]