W caille

Savinien de Cyrano de Bergerac 1619 - 1655.

Il fut l'inventeur, ou le redécouvreur du magnétophone !

Le fragment de physique (extraits, en Français presque d'époque, éditions Librairie Belin, des Œuvres complètes de Savinien)

De la Physique & de son origine.
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Il résulte de là cette consequence universelle, distinctement, que tout ce que nous connoissons clairement, certainement, distinctement, & sans détours, sont les sensations qui sont en nous, & que nous connoissons rien du tout du costé des objets, si ce n'est par conjonctures & par raisonnemens.

Du mouvement & du repos.
Ayant sérieusement medité sur la nature du mouvement, il me semble que tout ce que nous pouvons dire pour expliquer la connoissance que nous en avons, consiste à dire qu'il est le passage d'un corps du voisinage de certains estres dans le voisinage d'autres estres. Et en cela je m'éloigne un peu du sentiment du vulgaire qui le définit le passage d'un corps d'un lieu en un autre ; car il conçoit tous les corps logez dans une étenduê ou espace de laquelle ils diferent réellement ; de sorte qu'attribuant des parties à cette étenduê, il conçoit le corps mobile appliqué successivement au lieu dont il est contenu. Cette pensée seroit raisonnable, si ce qu'il supose estoit vray : mais comme nous avons rejetté cette prétenduê extension, parce qu'elle est la matiere mesme, nous sommes obligez de considerer cette mobilité à l'égard des parties de la matiere, & non pas de ce lieu imaginaire qui n'a point de parties, puisqu'il n'a pas d'extension. Se mouvoir donc, c'est se détacher de certaines parties d'un corps, pour s'appliquer à d'autres : & parce que tout détachement EST RÉCIPROQUE, c'est-à-dire qu'un corps ne se sçauroit détacher d'un autre, que cet autre ne se détache en mesme temps de luy ; il s'ensuit que l'on ne sçauroit concevoir qu'un corps se meuve au respect d'un autre, que cet autre ne se meuve au respect de celuy-cy ; & par consequent si je fais une piroüette dans le Monde à l'entour de mon propre centre, ou bien si je demeure sans bouger dans le mesme lieu (ce qui est encore la mesme chose) il s'ensuit à cause que les parties du monde qui m'environnent se détachent de certaines parties de la surface de mon corps pour s'appliquer à d'autres ; il s'ensuit, dis-je, la mesme chose, si je me suis meu dans le Monde autour de mon centre, que si toutes les parties du monde se sont meuës à l'entour de moy.
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