Hexagrammes

Simplicité et Taoïsme

Alors que la foule est en fête, soit elle assiste à un grand sacrifice, soit qu'au printemps elle monte s'amuser sur les terrasses, je reste seul, dans l'immobilité impassible, tel l'enfançon qui ne sait pas encore sourire. [Enfançon = embryon d'Immortalité].
Je suis comme un misérable sans refuge. Alors que les autres ont plus qu'il ne faut, seul je semble avoir tout perdu.
Comme j'ai l'air stupide !
Combien inculte !
Comme les gens sont brillants !
Seul je suis obscur.
Comme ils sont sûrs d'eux !
Seul je suis hésitant.
Tous ont quelque talent, et seul je suis aussi ignorant qu'un rustre.
Différent des autres, seul je préfère téter ma mère.

Et aussi :

Quel plaisir de se promener dans le jardin !
Je fais le tour de l'infini ;
Toutes les plantes émettent des parfums...
[Poésie de Xi kang]

Nature et Destin

14 - Le laboureur suit les saisons, le marchand tire profits, l'artisan utilise des techniques, le fonctionnaire recherche du pouvoir, comme caractéristiques de leurs activités.
Le laboureur connaît inondations et sécheresse, le marchand connaît profits et pertes, l'artisan connaît succès ou échec, le fonctionnaire connaît louange ou blâme, comme manifestations du destin.
[Extrait du Traité du vide parfait de Lie Tseu (Liezi), traduit du chinois par Jean-Jacques Lafitte]

Les Taoïstes insistent beaucoup sur la nécessité de NE PAS BRILLER. La Lumière spirituelle doit rester intérieure. Si elle s'extériorisait elle risquerait d'éblouir et elle cesserait d'être bienfaisante. Le pouvoir du Saint est immense mais à condition d'être occulte.

L'enseignement du maître taoïste est un enseignement silencieux ; au disciple de comprendre intuitivement ce qu'il doit faire. Un lent dépouillement de son esprit le rapproche peu à peu du maître, mais dans une dernière étape, celui-ci doit lui-même disparaître de la conscience de l'adepte parvenu à l'état d'extase. Le maître durant l'instruction semble purement passif, comme l'exige la doctrine du Wou-wei (1) et de l'enseignement sans parole. C'est l'adepte lui-même qui doit progresser, se dépouillant peu à peu des constituants de son moi social.

 



 
 

 
   
   

(1) Wou-wei ou Wuwéi : le "non-agir", ou plus vulgairement : le "lâcher-prise". Tout ce qui se fait spontanément est supérieur à ce qui se fait volontairement. Faire le vide pour faire le plein ! Le Wuwéi est l'état de celui qui a atteint l'Union mystique (comparable au Nirvâna bouddhiste).

A propos de volonté : voir cet article.

(Sources : Henri Maspero, Max Kaltenmark, et Lie Tseu)